jeudi 29 septembre 2011

Introduction à une résidence : la photographie sociale de Marc Helleboid


Mercredi dernier avait lieu, dans l'amphithéâtre de l'Ecole supérieure des Beaux Arts de Valenciennes, la "27ème heure" consacrée à Marc Helleboid. Derrière cette expression quelque peu barbare se cache la possibilité pour les enseignants concernés de rencontrer, trois heures durant, l'un des deux artistes qui sera en résidence A.R.T.S. sur le territoire de Valenciennes Métropole à partir du mois de novembre prochain.

Loin de se contenter de se présenter en tant qu'individu et artiste photographe, Marc Helleboid a profité de l'occasion qui lui était ainsi donnée pour proposer à son auditoire de nombreuses pistes de réflexion et de pédagogie portant tout aussi bien sur l'histoire de la photographie que sur certaines théories interprétatives (cf. notamment "La chambre claire" de Roland Barthes avec sa distinction entre le studium et le punctum).

Ayant débuté la photographie à 14 ans, Marc Helleboid fait rapidement siennes les techniques de tirage et de développement propres à ce médium, techniques qu'il utilise toujours aujourd'hui, préférant l'argentique au numérique. Tandis que son cursus l'amène à fréquenter durant deux années une école suisse spécialisée dans la photographie, Marc Helleboid abandonne peu à peu les natures mortes auxquelles il se consacrait jusqu'alors pour se tourner résolument vers le portrait. Pour ce faire il boude les studios qui sont alors mis à sa disposition, préférant d'emblée tirer les portraits "en situation".


Marc Helleboid revendique ainsi clairement une filiation avec les grands noms de la photographie sociale (Jacob Riis, Lewis Hine et surtout August Sander). Et lorsqu'on lui demande ce qui, dans ces conditions, distingue son travail de celui du photo-reporter il aime mettre en avant et la temporalité longue de sa démarche (chaque portrait est le terme d'un long processus de rencontre et de dialogue dont témoignent notamment les légendes qui accompagnent presque constamment ses tirages) et le caractère foncièrement artificiel de ses prises de vue : chez Marc Helleboid les portraits sont posés et se revendiquent comme tels. C'est que loin de tout naturalisme, dans la pose elle-même, se jouent nombres d'éléments participant de fait à la perception et la compréhension du sujet. Pour le dire autrement : on ne pose pas impunément. Et la confrontation avec l'oeil du photographe et, partant, avec celui du spectateur, est d'autant plus frontale que tout, dans la prise de vue et sa mise en scène, est fait pour que les regards se rencontrent, pour que la rencontre soit effective.

Avant même que ne débute sa résidence, Marc Helleboid met à la disposition des enseignants, en sus des nombreuses pistes de travail offertes lors de cette rencontre, un ensemble de documents permettant une plus large compréhension de sa démarche. Le tout est à télécharger en suivant simplement ce lien.