lundi 7 octobre 2013

ARTS 2013-2014 : premières rencontres avec les équipes enseignantes


Les deux artistes qui seront en résidence ARTS sur le territoire de Valenciennes Métropole de novembre 2013 à avril 2014 ont tout récemment eu l'occasion de se présenter aux équipes enseignantes ainsi qu'aux structures culturelles locale. Ainsi, Anne Touquet, plasticienne, a animé une 27ème heure le 18 septembre dernier au Musée des Beaux Arts de Valenciennes tandis que Samuel Bodart, poète musicien, en a fait de même, une semaine plus tard au Phénix, scène nationale de Valenciennes. 
Née en 1979, Anne Touquet vit et travaille à Paris. Diplômée des Arts Décoratifs de Paris en 2003, sa pratique artistique évoque le voyage, celui que l’on entreprend à la rencontre d’un ailleurs ou celui de l’errance introspective dans le monde des songes et d’un sommeil conscient. Ses dessins sont à la fois intuitifs et maîtrisés, vacillant entre réel et fiction. 
L'artiste revendique le caractère subjectif de ses compositions : "Qu’elles soient physiques ou psychologiques, mes errances constituent la base de mon travail. Ma perception est un décor à transformation où la frontière entre réel et fictionnel est poreuse. Mon univers s’étire entre rêveries intimes et fragments tirés du réel, associations d’idées, intuitions sensibles et mythologies personnelles".
Ses "récits visuels", comme elle nomme elle-même ses compositions graphiques aux formats souvent imposants (il s'agit de véritables organismes se déployant visiblement sans contrainte d'espace autour de figures centrales), jouent des changements d’échelle, des distorsions, des fusions mais aussi des absences : "Signifier par le manque, pour inviter celui qui regarde à compléter les manques. Je construis des espaces de suppositions, de divagations, ou de dispersions". 


Virtuose du dessin, du trait fin, elle ne se contente pas d'illustrer mais crée de réelles compositions plastiques dans lesquelles elle manipule l'image. Réalisés au graphite, ses dessins sont le plus souvent en noir et blanc, le blanc de la feuille étant parfois partie prenante du motif lui-même. Méticuleuse au possible (elle aime à donner un traité particulièrement réaliste à ses mondes imaginaires), Anne Touquet dresse par sa pratique l'éloge de la lenteur. 
En sus du dessin, l'artiste intègre à ses compositions des effets de texture par le truchement du gaufrage qu'elle fait subir au papier. Au coeur même des figures et des paysages dessinés apparaissent ainsi en filigrane d'autres motifs, issus de la broderie ou du crochet, venant compléter le mystère des situations dépeintes. 
Parmi les pistes pédagogiques évoquées lors de la rencontre du 18 septembre, Anne Touquet a bien entendu stipulé qu'il serait possible de proposer aux élèves, à l'occasion de sa résidence, des formes de sensibilisations aux différents médiums qu'elle utilise : dessins (éventuellement d'après photos), broderie et crochet, gaufrage du papier. Toutefois bien d'autres pistes ont été proposées : 
- apprendre à regarder le réel comme comme ses représentations. Envisager le monde sous de nouvelles perspectives. Apprendre à regarder c'est aussi savoir observer : jongler entre ce que l'on voit et ce que l'on croit voir 
- appréhension de son propre corps par "fragmentation" : mise en avant d'une partie seulement de notre corps par le modelage 
- travail sur la notion de cadrage : les contours d'un objet n'existent que par rapport à l'espace dans lequel il prend place et qu'il nous appartient de délimiter... 
- ré-appropriation et re-valorisation des images dans un monde, le nôtre, dans lequel elles sont légions mais le plus souvent dénuées de toute signification ou, pour le moins, dépositaires d'un sens que nous n'avons pas nous-même choisi. Cela pouvant s'opérer par le travail du cadavre exquis, la collecte d'images pré-existentes ou encore la pratique du "dessin par absence" et / ou par surdimensionnement (manière d'attirer l'attention du spectateur sur des éléments passant généralement inaperçus). 


Adepte de la forme courte et de l’écriture imagée, Samuel Bodart s'est tout d'abord consacré à la rédaction de chansons. Il faut dire qu'initialement sa formation est essentiellement musicale, lui qui dès l'âge de 8 ans apprît la batterie et qui, par la suite, fut membre de nombreuses formations musicales rock. Ce n'est que par la suite qu'il a élargi son champ d’écriture à des textes d’expression libre à orientation poétique. 
Guidé par la double identité sonore et sémantique des mots, il se plaît à les associer et à les confronter par jeux de rebonds (« par les temps qui courent, les jambes s’emmêlent »), laissant la place aux interprétations subjectives. 
Aujourd'hui encore la majeure partie de sa production artistique prend la forme de "poèmes chansons" - soit de textes courts conçus pour être interprétés et mis en musique, en l'occurrence accompagnés à la batterie ou à l'aide d'autres percussions. C'est sous le nom de Numero h. qu'il officie ainsi à la batterie et à la voix et qu'il sortira dans les prochaines semaines son troisième album intitulé "Ne contient qu'une partie". 
Mais sa palette de productions, elle, contient bien plus d'un registre. Ainsi faut-il ajouter à ses "poèmes chansons" d'autres types de textes que sont ceux qu'il nomme les "poésies de mots" (agencement plus ou moins minimalistes de mots ne formant pas phrase mais reposant essentiellement sur la capital sémantique et esthétique de chacun d'entre eux), la "prose poétique" (listes de mots ou véritable phrases sans rimes ni agencements graphiques particuliers) ou encore la "poésie parlée" (textes conçus pour être lus à haute voix, jouant sur les sons et la diction). 


Parmi les pistes de travail pédagogiques évoquées lors de la rencontre du 25 septembre dernier, on mentionnera notamment : 
- le travail sur la lecture à voix haute (notions de rythme, de diction, de silence, etc.), pouvant être l'occasion d'une représentation face à un public constitué. Bien entendu pourra également être abordée la lecture de textes accompagnés aux percussions 
- les lectures multiples, soit des lectures à voix hautes en chorus 
- paysages sonores : création et enregistrement d'ambiances sonores pouvant être le support à la rédaction de textes originaux ou à la lecture de textes de Samuel Bodart 
- écriture collective à partir des notions de séries, de listes, de familles de mots. Ce travail pouvant également être l'occasion d'une mise en espace graphique du texte (sur mur, sur banderole, au sein même de l'établissement...) 

Anne Touquet et Samuel Bodart débuteront leur résidence sur le territoire le 12 novembre prochain.