mardi 11 février 2014

"Ca a commencé comme ça..."



Comme nous avons eu l'occasion de l'évoquer ici même, la dernière semaine de janvier aura été l'occasion pour les deux artistes résidents d'un intense travail à Fresnes sur Escaut puisqu'au nombreuses rencontres scolaires aura succédé une soirée de décrochage d'exposition et de performance lecture particulièrement réussie et fréquentée. Nous revenons aujourd'hui sur cette étape par le biais d'un témoignage de première main, celui de Patrice Hemms, à la fois directeur de l'école Curie et responsable du Musée Vivant des Enfants.


"D’abord Anne Touquet. Ca a commencé comme ça : par ce moment particulier, ce moment volé, hors du temps. Anne Touquet est arrivée un samedi matin au Musée Vivant des Enfants et il y a eu d’abord la découverte des dessins, le plaisir de les voir en vrai. Je laisse Anne seule pour le difficile travail de l’accrochage, ce lent et délicat moment où l’on voit les œuvres trouver leur place dans l’espace. En fin d’après midi je savoure le privilège d’être le premier à découvrir l’exposition. Mais il lui reste encore à dessiner les œuvres in situ. Anne a choisi deux endroits à peine marqués par un léger traçage sur la paroi. Ca se passera le lendemain. Plusieurs fois dans la journée je passerai au Musée des Enfants sous le prétexte de voir si tout va bien. J’essaye d’être discret, de ne pas m’attarder, de ne pas déranger et j’observe, avec fascination la progression du dessin, le geste assuré de l’artiste qui sait pourtant qu’il n’y aura pas de repentir possible et déjà je pense, alors que rien n’est encore achevé, à ce moment terrible où il faudra accepter que l’œuvre disparaisse... Je vole quelques photos, un petit bout de film. Je profite de ce spectacle que je serai le seul à voir. Et je jubile en pensant au lendemain, à la découverte par les enfants de ce drôle de zèbre qui émerge petit à petit du mur. 


Premières visites. Les enfants découvrent, Anne explique. Des forêts de doigts qui se lèvent. Les imaginaires qui se croisent. Le courant passe, c’est évident. Il y a une vraie tension. Parmi toutes les questions qui fusent, on notera juste cette interrogation, « Mais comment tu dessines le blanc ? » : tout le travail d’Anne est dans cette question. Les visites s’enchainent, toujours dans cette atmosphère d’attention fébrile. Un enfant explique que les deux nageurs sur le mur « tombent dans le dessin en dessous et puis passe dans celui d’à coté et s’en vont dans celui d’en fasse… » Son doigt tendu rebondi de dessin en dessin, accompagne la circulation du regard : on a la preuve que le temps passé à réfléchir à l’accrochage est loin d’être perdu ! 


Puis Samuel Bodart. Fin de semaine, les enfants retournent au Musée Vivant des Enfants pour rencontrer Samuel cette fois-ci. En arrivant dans la cour du bâtiment on entend le bruit sourd de la batterie qui monte du sous-sol. Les enfants ne sont pas trop fiers en descendant l’escalier. Ils s’assoient à même le sol, deux, trois coups sur la caisse claire, la voix de Samuel qui s’élève et tout de suite la magie opère : scotchés, ils sont littéralement scotchés ! Les 45 minutes passeront comme un souffle. 


La récompense viendra le soir, au dévernissage : une trentaine d’enfants sont revenus, tirants les parents par la main pour entendre à nouveau Samuel ! Et quand il entame « Semblant médiocre presque », ce texte si difficile qu’ils apprennent depuis quelques semaines à la chorale, c’est tout un « fan club » de minots qui récite avec lui. Un grand moment !"

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